Edouard Morerod dans son atelier de la rue de la Tour, à Paris, dans le XVIe arr.

Edouard Morerod dans son atelier de la rue de la Tour, 
à Paris, dans le XVIe arr. 
Photo: © Hellis

Edouard Morerod naît à Aigle le 16 mai 1879. À la mort du père en 1889, la famille s’établit à Lausanne, où le garçon fréquente le Collège classique cantonal. En 1891, lorsque leur mère décède, Edouard et sa sœur Hélène sont mis en pension. Le jeune homme étudie dès 1895 à Neuchâtel, au Collège latin, puis au Gymnase cantonal à Lausanne où il passe son baccalauréat deux ans plus tard. Suite à un accident de cheval survenu à Berne en 1899, lors de son service militaire, il en est exempté. La même année, Edouard Morerod rend visite au célèbre dramaturge Ibsen à Oslo. La poésie est alors sa principale préoccupation. En janvier et février 1900, il suit des cours à l’Ecole des beaux-arts de Munich et commence la rédaction de son journal. À Paris, il rencontre Steinlen qui influencera son œuvre. En été 1901, Edouard Morerod passe trois mois à Lotarevo (Russie) en tant que précepteur dans la famille du prince Wiasemsky, puis découvre le pays, Moscou, Tsaritzen, la Géorgie et la Crimée. Avant de rentrer à Lausanne, où doit se tenir sa première exposition à la Grenette, il s’arrête à Constantinople, Athènes et Rome.

À Paris, au tournant du siècle passé, il rencontre le peintre lausannois Marius Borgeaud avec lequel il se lie d’amitié; il fait entre autres la connaissance de Félix Vallotton et de René Francillon. À partir de 1904, Edouard Morerod fait de nombreux séjours en Espagne, principalement en Andalousie : Séville, Grenade, Tolède, Almeria, Guadix. Lorsque le succès vient enfin couronner ses travaux, le Musée du Luxembourg, l’Hôtel de Ville de Paris et le Musée des beaux-arts de Neuchâtel acquièrent certaines de ses œuvres. Morerod expose au Salon des Indépendants dès 1903 et devient membre du jury du Salon d’Automne en 1907. En 1910, le metteur en scène Firmin Gémier lui confie la confection des décors de La Femme et le Pantin, pièce de Pierre Louÿs, ainsi que la réalisation de l’affiche et des costumes. Le rôle titre échoit à Régina Badet qui pose pour l’artiste. Une importante rétrospective de ses œuvres se tient en 1913 à Genève au Musée Rath, réunissant des huiles, pastels et aquarelles.

Après des séjours à Paris, Madrid, Tanger, Rome, Genève, Londres, Grenade, Sienne, Florence, Venise et d’autres villes, Edouard Morerod, tuberculeux, monte se soigner à Leysin en 1915, où il exécute quelques portraits. Le 6 décembre de la même année s’ouvre à Lausanne son exposition de pastels et de dessins rapportés d’Espagne, que Paul Vallotton présente dans les salons de la galerie Bernheim-Jeune. Alors qu’il vit entouré d’artistes à Paris, le Musée des Beaux-Arts de Lausanne acquiert, grâce à une souscription, une Pastora – son modèle fétiche. En 1918, Morerod s’entichera de la sœur du poète Supervielle, Violette de Lasala, qu’il qualifiera de Dame admirable. Rappelons que c’est surtout à travers son œuvre dessiné que l’artiste s’est illustré en pastelliste de première force.

Edouard Morerod se rend à Séville en 1919 en compagnie de sa sœur, mais son état de santé l’oblige à rentrer précipitamment en Suisse. Après un bref séjour à Leysin, il redescend à Lausanne où il décède le 22 juillet 1919. Son corps est enseveli au cimetière de Montoie. En 1921, la Galerie Moos à Genève et le Musée Arlaud à Lausanne lui consacrent une rétrospective. D’autres expositions suivront dont celle, monographique, du Musée d’art de Pully en 2017. C’est la ville d’Aigle, à l’Espace Graffenried, que s’est tenue la dernière exposition Edouard Morerod, organisée pour le 100e anniversaire de la mort de l’artiste.